Les habitants du pays flamand, pays plat, vous le constatez du haut du Mont, ont toujours considéré le Mont des Cats comme un coin de Suisse en miniature; et c'est ainsi qu'il est le but favori des excursionnistes: ils y respirent avec délices un air plus pur que dans les villes qui poussent si hautes et si étendues que nous voyons le soir, éclairées de mille lumières. C'est en effet une jouissance pour eux de pouvoir étendre au loin leurs regards, de contempler un horizon plus large et plus gai que le rideau d'arbres des routes du pays plat, ou les sombres murs des cités industrielles.

Le Mont Cassel a pour lui les grands souvenirs historiques; les Romains l’ont occupé il y a vingt siècles mais beaucoup de touristes préfèrent le Mont des Cats: Cassel est trop ville, pour les amateurs du pittoresque.
Le mont Kemmel a ses bois et ses bruyères, mais il est moins élevé, moins svelte, et, par suite, il présente des horizons moins jolis et moins variés que le mont des Cats. Mais, actuellement à notre époque, l'attrait spécial et unique de notre montagne, c'est son Monastère: tous, croyants et sceptiques, contemplent avec une curiosité, il est vrai, plus ou moins bienveillante les moines et le mur du silence; pour tous, c'est cependant un spectacle salutaire; car ils ne peuvent manquer d'abord de s'interroger et de faire cette réflexion : voilà des hommes qui renoncent à tout pour se sauver, pour faire pénitence pour les hommes — et moi...?
C'est du mont Noir et du mont de Boeschèpe que le Katsberg (Mont des Cattes), par une claire matinée, présente l'aspect le plus agréable. C'est à peine si le soleil laisse deviner son prochain épanouissement; à cette heure, les prés et les bois sont à demi voilés par une brume azurée, tandis que, plus loin, les pics et les dents de nos Alpes flamandes dominent le nuage et semblent des îlots qui émergent de l'Océan.
De l'étroit plateau du mont des Cattes, on voit au sud-ouest les collines d'Artois; les monts Noir, Aigu, Rouge et Kemmel courbent gracieusement l'horizon et, avec leur verdure et leurs castels, « semblent détachés d'un paysage des bords du Rhin, » a écrit M. Lemire (Vie de M. le Chanoine Dehaene). Dans l'immense panorama, l'œil nu contemple les villes de Poperingue, Ypres, Steenvoorde, Cassel, Aire, Hazebrouck, Merville, Béthune, Estaires, Bailleul, etc.; et sur un rayon de plus de dix lieues, à l'aide d'une bonne lunette, des détails infinis s'offrent aux yeux ravis du spectateur: les cités de Lille, Armentières, Dixmude, Ostende, Bergues, Dunkerque, d'où l'on voit se détacher phare, casino, tours, et ce port pareil à une forêt avec les mâts sans nombre des vaisseaux qu'il abrite; le beffroi d'Aire, où l'on peut suivre la marche des aiguilles sur le cadran, aussi bien que sur celui d'Ypres; mais ce qui frappe et charme plus encore, c'est cette campagne immense et féconde qui, à distance, semble un superbe tapis aux mille teintes diverses.