La mort du prince de Hesse
En octobre 1914, une compagnie de Hussards Allemands était cantonnée dans le monastère du Mont des Cats. La 3ème brigade de cavalerie britannique, qui cantonnait également tout près du Mont, ayant appris que les Allemands y étaient, à l'aube brumeuse du 13 octobre, ont lancé l’assaut. Le Prince Maximilian, qui était dans le monastère, a couru vers les chevaux mais il a été frappé au moment ou son pied atteignait l'étrier. Quand le feu à cessé, les Anglais l'ont trouvé, étendu sur le sol. Il était sérieusement blessé et le docteur a dit qu'il ne vivrait seulement qu’une heure ou deux. Le prince mourant a demandé au docteur de retourner à sa mère un médaillon pendu à une chaîne autour de son cou, contenant une image d’elle. Le jour suivant le docteur a été tué mais sa veuve a envoyé le médaillon à la reine Mary (épouse du Roi George de Grande-Bretagne), qui l'a envoyé à la princesse Margaret, par l'intermédiaire de la couronne de Suède. Le corps de Maximilian a été secrètement enterré dans le village de Caestre, mais ce n’était qu’un endroit de repos provisoire car son corps a été rapatrié en Allemagne en 1926.
Son frère le Prince Friedrich Wilhelm est mort deux ans après à Kara Orman en Roumanie.

Friedrich Wilhelm et Maximilian de Hesse-Cassel
Les princes Friedrich Wilhelm et Maximilian de Hesse-Cassel était par leur mère, neveux du Kaiser Guillaume II, qui déclara la guerre à la France le 2 aout 1914, et également arrière-petit-fils de la reine Victoria de Grande Bretagne.
Reine Victoria de Grande Bretagne (1819 – 1901) |
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Victoria de Grande Bretagne (1840-1901) |
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Albert de Saxe Cobourg Gotha (1819-1861) |
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Princesse Margaret de Hesse Kassel (1872-1954) |
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Kaiser Wilhelm I de Germany (1797 – 1888) |
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Kaiser Friedrich III de Germany (1831-1888) |
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Augusta de Saxe Weimar Eisenach (1811 – 1890) |
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Friedrich Wilhelm de Hesse Kassel (1893-1916) |
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Maximilian de Hesse Kassel (1894-1914) |
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Guillaume I de Hesse Cassel (1777 - 1847) |
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Frédéric landgrave de Hesse Cassel (1820 - 1884) |
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Louise Charlotte de Danemark (1789-1864) |
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Friedrich Karl Landgrave de Hesse Kassel (1868-1940) |
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Prince Charles de Prusse (1804 - 1883) |
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Anne de Prusse (1836 - 1918) |
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Princesse Marie de Saxe Weimar (1808 - 1877) |
Différentes versions circulent sur la mort du prince de Hesse. En voici deux:
- La première tirée de divers sites internet de l'armée Anglaise et plus particulièrement des régiments qui ont participer à la prise du mont le 12 Octobre 1914.
- La seconde extraite du Petit Parisien N° 14438 du 18/08/1916.
Archives de l'armée Anglaise.
Le 11 octobre 1914, le 5° Lancers a marché par Caestre et Flêtre vers le Mont-des-Cats ou se trouve un monastère de Trappistes. Le monastère situé sur une colline de 154 mètres est une position stratégiquement importante pour l’observation des environs. La 3° brigade de cavalerie a reçu l’ordre de prendre le monastère qui était aux mains des Allemand.
Le matin du 12 octobre un brouillard épais recouvrait la région, des patrouilles allemandes avaient été vues dans Caestre. Ces patrouilles de cavalerie allemandes se sont retirées vers 10 heures, le brouillard s'étant levé, le 4° Hussard a pris positions à Caestre. Les autres brigades allaient maintenant essayer de prendre le mont. Le monastère était occupé par des troupes de la 3° division de cavalerie allemande, qui avaient fortifié ses positions. Ordre a été donné au 4° Hussard de couvrir l’attaque à partir de l'est et au 16° Lancers de galoper vers le flanc ouest sous le couvert des mitrailleuses. Il y avait un moulin à vent situé à côté du monastère qui servirait de signal d’attaque lorsqu’il serait frappé par les tirs de l'artillerie.
Le 5° Lancers était tenu en réserve, avec l'ordre de protéger le flanc droit de l'attaque si nécessaire. Le monastère a été âprement défendu et le 4° Hussard et le 16° Lancers ont eu de lourdes pertes. Des mitrailleuses étaient placées à environ 300 mètres des positions allemandes. Ils avaient l’ordre strict de ne pas ouvrir le feu tant que les artilleurs n’avaient pas touché le moulin à vent ce qui a été fait à la deuxième tentative.
Là le 16° Lancers est monté au galop et a ouvert le feu sur les Allemands qui avaient pris position dans les tranchées au dehors des murs du monastère. Après environ un quart d'heure de combat les allemands se sont retirés par le bois voisin sous les coups de l’artillerie, ceci a eu pour effet de décourager les renforts qui, après avoir rencontré leurs camarades en fuite, ont décidés de se retirer également. Le 16° Lancers a chargé les tranchées ennemies couvert par les mitrailleuses. Le monastère a été ensuite enlevé par l’effort combiné des trois régiments du 3° de cavalerie. Une demi-heure de bombardement a chassé la garnison du monastère qui a été immédiatement occupé par des troupes de la brigade. A l'intérieur 3 Allemands morts ont été trouvés ainsi qu’un oberleutnant blessé.
A l'intérieur du monastère, les moines Trappistes qui avaient occupé le monastère pendant tout le combat, soignaient les blessures des britannique aussi bien que des allemand et au besoin administraient les derniers sacrements aux mourants. Les moines avaient signalé aux anglais que les Allemands qu'ils avaient combattus étaient des Uhlans et des Jägers des corps de cavalerie situés à Bailleul.
Le médecin du 5° Lancers, le capitaine Charles Paget O’Brien Butler était également très dévoué, parmi les nombreux blessés se trouvait l'oberleutnant. Cet homme était le Prince héritier Maximilian von Hesse, âgé de 20 ans, deuxième fils de Friedrich Karl de Hesse et arrière petit-fils de la Reine Victoria. Il avait été mortellement blessé à l’estomac pendant le combat pour le monastère. Il était encore conscient et en dépit de la douleur a parlé dans un anglais parfait avec le capitaine. Juste avant de mourir pendant la nuit, il a donné au capitaine sa montre et quelques effets personnels. Il a été enterré dans les jardins du monastère par des troupes du 5° Lancers, mais ce n’était qu’un endroit de repos provisoire car son corps a été rapatrié en Allemagne en 1926.
Les moines craignant une contre-attaque des Allemands, ont jugé prudent d'évacuer le monastère, ce qui fut fait à 4H30 le matin du 13 octobre. On a également décidé de déplacer les chevaux du régiment derrière une colline voisine. La nuit était très froide et les troupes de chacune des trois brigades ont dormi dans le monastère.
Le lendemain matin le régiment a été remplacé par les troupes territoriales françaises. Le régiment a quitté le monastère pour avancer vers Messines, et à 11H00 a pris positions sur le flanc ouest de la colline du Piebrouck connue sous le nom de colline 68. L'escadron a reçu l’ordre d’attaquer le village de Berthen qui vraisemblablement a été fortement défendu. Le village a été évacué par les Allemands sous le couvert d’une arrière-garde. Les Allemands étaient été Jägers, utilisant leur tactique habituelle : attaques courtes et rapides et retrait.
Avec cet objectif accompli, l'escadron a installé une ligne d'avant-poste à un demi-kilomètre du village. Les abords étant composés d'un réseau complexe des ruelles et des voies exigeaient les services des gens du pays en tant que guide. Les interprètes du régiment ont trouvé un candidat approprié qui semblait disposé à aider mais au dernier moment, a disparu dans la nuit. Une femme au nom de Romanie Vandromme entendant parler de la situation fâcheuse de l'escadron a offert ses services. Comme marque de gratitude de l’escadron envers la femme qui avait la soixantaine, le capitaine Vallance lui a remis un insigne du régiment et a également informé les autorités françaises de son action vaillante.
Charles Paget O'Brien Butler
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UNE ENQUÊTE DU «PETIT PARISIEN»
La vérité sur la mort
du Prince
Maximilien de Hesse
Sur la fin encore mystérieuse du prince de Hesse, de l'antique maison de Hesse, descendant des Landgraves, altesse promise à d'éclatantes destinées et tuée au début de la guerre, on a répandu les fables les plus extravagantes. On pourrait aisément remplir un volume avec les légendes qui ont couru dans le monde entier, tant sur cette mort elle-même que sur les circonstances de ce qu'on a appelées « les pérégrinations du cadavre ». La vérité vraie, on va la lire. Comment m'a-t-il été donné de la pénétrer? Peut-être parce qu'un hasard bienveillant aide parfois à l'effort du reporter. Il m'eût été plus doux, au reste, de découvrir la tombe d'un de nos soldats disparus et de pouvoir l'indiquer à sa famille.
Au moment de la grande poussée allemande au nord de la France, le mont des Cats, dans la commune de Godewaersvelde, presque sur la frontière belge, fut un des points de ralliement de l'envahisseur. Ce sommet est dominé depuis le début du dernier siècle par un couvent de Trappistes. Le monastère ne cessait d'être visité par des détachements de passage qui, suivant le joli mot d'un Père, « le pillaient poliment ».
Le lundi 12 octobre, une petite patrouille anglaise se heurta, derrière ses murs, à un fort détachement saxon et dut se replier sur Godewaersvelde. Dans l'après-midi, nos alliés revinrent en force. Ils attaquèrent du côté de l'ouest et, après une préparation d'artillerie, ils s'élancèrent à l'assaut de la montagne. Un combat très vif s'engagea sur les pentes et se poursuivit jusque dans les cours du monastère. Au bout d'une heure, les Allemands s'enfuirent si vite qu'on put les voir sauter à deux sur le même cheval. Les Trappistes achevèrent alors de ramasser les blessés. Près d'un moulin qui dresse ses ailes à quelques pas du couvent, ils trouvèrent le prince de Hesse, étendu par terre, fort mal en point, et entouré de quatre soldats. Celui-ci paraissait gravement atteint. Il gémissait. Les soldats qui l'entouraient portaient une mine désolée. Ils répétaient aux religieux:
- C'est notre prince, nous ne devons pas le quitter...
Des Anglais approchaient. Le prince se souleva, les aperçut et dit alors en allemand à ses gardes :
- Vous ne pouvez plus rien pour moi. Laissez-moi ici et partez.
Les derniers moments
Après une hésitation, les quatre hommes saluèrent et redescendirent en courant les pentes de la montagne. Le prince de Hesse fut transporté au couvent, sur un drap. Dans la chambre des frères, on l'étendit sur une paillasse, au milieu d'autres blessés. Un major irlandais, le capitaine Ganz, l'examina et dit tout bas au Père dom Bernard, Abbé de la Trappe : « Il est perdu ! » Une balle avait traversé l'aine, et déterminé de mortels ravages. Après avoir acquis la conviction que toute intervention chirurgicale serait inutile, le major ne se préoccupa plus que d'adoucir les souffrances du blessé avec de l'opium. Toutes les demi-heures, par son ordre, on lui en apportait.
Le Père Abbé s'était agenouillé auprès de la paillasse et sur le désir même du prince, il lui parlait, Il lui demanda, à, un moment :
- Etes-vous catholique ?
- Non, je suis protestant comme mon père mais ma mère et ma grand-mère sont catholiques.
Les souffrances du blessé étaient très vives. Dom Bernard l'engagea doucement à les offrir à Dieu, en même temps qu'il veillait à ce qu'on lui donnât de l'opium. Le prince semblait très touché des soins dont on l'entourait (on ne le traitait pas mieux, cependant, que les autres blessés). A plusieurs reprises il répéta :
- Je suis content d'être ici...
Il pria, dans la soirée, le Père Abbé d'intervenir auprès du major Ganz pour qu'on ne le transportât point en dehors du couvent. Il ignorait la gravité de son état et qu'il n'était plus transportable.
Par intervalles, dom Bernard revenait au chevet du prince et la conversation reprenait. L'Abbé lui demanda un moment s'il ne voulait pas le charger de commissions pour les siens. Le blessé remercia en assurant que « tout ce qu'il y avait à faire était fait ».
- Etes-vous marié ? interrogea encore l'Abbé.
Le prince regarda son interlocuteur comme s'il allait parler. Il eut l'air de peser les termes de sa réponse, puis, de plus en plus hésitant, il finit par murmurer:
- Non, non...
Malgré l'opium, les souffrances du blessé redoublaient. Il s'agitait sur sa paillasse. Les moines avaient peine à l'empêcher de faire de trop brusques mouvements qui eussent pu déterminer une hémorragie soudaine. Vers minuit, il fut pris de nausées. Le major Ganz dit à dom Bernard :
- Voilà la confirmation de mon diagnostic... C'est la fin!
Un peu plus tard, à une heure et demie du matin, le jeune homme (ai-je dit qu'il paraissait vingt-deux ans, qu'il avait une figure presque imberbe et qu'il avait dépouillé toute arrogance ?), le jeune homme expirait presque sans agonie, entre les bras des religieux qui, je dois le répéter, partageaient, dans un égal esprit de charité, leurs soins entre tous les blessés. Des journaux ont raconté qu'un peu avant la mort, une discussion s'était élevée entre le major Ganz et un médecin français sur l'opportunité d'une opération in extremis. Il ne se trouvait, à ce moment-là, sur le mont des Cats, aucun médecin français.
En faisant la toilette du mort, on découvrit sur sa poitrine un médaillon en or rattaché à une chaîne et un petit sachet de soie blanche retenu par un cordonnet. Le médaillon fut remis aux autorités anglaises. Le sachet contenait deux billets de banque de cent marks, une carte de visite:
MAXIMILIAN PRINZ VON HESSEN
et une découpure d'un journal illustré allemand. Cette découpure représentait une jeune femme tenant un bébé sur ses genoux. Les religieux crurent discerner entre les traits de l'enfant et le visage du prince une certaine ressemblance. Dom Bernard se souvint alors des hésitations du blessé quand il lui avait demandé :
- Etes-vous marié ?...
Un secret bien gardé
Le prince avait rendu le dernier soupir le mardi 13, à une heure et demie du matin. A deux heures, sur l'ordre formel du colonel anglais qui commandait le détachement vainqueur, les Pères durent quitter le couvent, car on s'attendait à un gros effort de l'ennemi pour reconquérir le mont des Cats, position stratégique de premier ordre. A ce moment, le corps du prince de Hesse, revêtu de l'uniforme de simple soldat qu'il portait au cours de l'attaque, reposait sur une paillasse, dans la chambre des frères. Lorsque le lendemain, tourmenté du désir de revoir son cher monastère, dom Bernard revint sur le mont des Cats, le cadavre avait disparu. Le Père Abbé voulut s'informer, un officier anglais, un doigt sur la bouche, lui répondit:
- C'est un secret...
Qu'était devenu le corps? Avait-il été enterré dans un petit cimetière improvisé à quelques mètres du couvent ? Avait-il été mis dans une double bière, transporté en automobile à Dunkerque et de là embarqué pour l'Angleterre ? Les plus invraisemblables légendes coururent. On alla jusqu'à parler d'un troc macabre proposé par nos alliés à l'Allemagne : le corps du prince contre tant d'officiers anglais! La famille de Hesse s'adressa au pape qui, par l'intermédiaire du cardinal Gasparri, invita dom Bernard à renseigner complètement la famille. L'Abbé s'empressa d'adresser à la cour de Rome le récit des derniers moments du prince. Sur ce qui était advenu du corps, il ne put que formuler des hypothèses, car il ne savait rien et n'apprit rien.
Le secret au reste était si jalousement gardé, que le chapelain G..., chargé, le mardi 13, de remettre le corps à qui de droit ignore encore ce qui en a été fait. Quelque temps après il sollicita la faveur d'être informé, en donnant sa parole qu'il ne révélerait jamais le renseignement... Il n'obtint d'autre réponse qu'un refus courtois mais très net.
Dans le silence et le mystère...
De même que j’ai tenu dans mes mains le sachet de soie blanche qui contint probablement le secret de la vie sentimentale du prince de Hesse, de même j’ai pu visiter le coin de terre auquel on a confié son corps. C’est dans l’arrondissement d’Hazebrouck un humble cimetière où nul (même parmi ceux qui, dès le lendemain de la mort du prince, ont remué ciel et terre pour savoir) ne s’aviserait de l’aller chercher. Devant cette tombe que rien, absolument rien ne signale à la curiosité, je sus que le cadavre, remis à une autorité française, fut honorablement gardé deux jours dans une maison, enterré une première fois, le jeudi 15 octobre, puis exhumé nuitamment et déposé, cette fois, il l’abri de toute recherche et de toute indiscrétion malsaine… Une suite d’étranges circonstances fit que le descendant de la puissante lignée des Landgraves de Hesse, altesse elle-même promise à d’éclatantes destinées, dut son cercueil uniquement au bon vouloir, à la pitié peut-être d’un pauvre homme qui avança au menuisier la somme de trente francs. Le trépas des grands de ce monde s’accompagne parfois de ces leçons ironiques ou sévères…
Tout ce qu’on a raconté en dehors de ce que j’ai pu dire ici n’est qu’erreur ou imaginations.