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MONSIEUR NICOLAS JOSEPH RUYSSEN

     M. Nicolas-Joseph Ruyssen est né à Hazebrouck, le 26 mars 1757 Son père exerçait le métier de jardinier et occupait, auprès de l'église, unique alors, une maison appartenant à M. Thomassin, de Saint-Omer. Naturellement, le propriétaire s'intéressait à l'avenir de la famille de son fermier et il remarqua les croquis que la fantaisie enfantine de Nicolas lui faisait tracer sur les volets de la maison paternelle. Il sut y distinguer d'heureuses dispositions, présagea un avenir d'artiste, et fit admettre son protégé à l'académie audomaroise.
     Bientôt une exposition, dans sa ville natale, des œuvres du jeune artiste, attira sur lui l'attention du prince de Montmorency Robecque, châtelain de Morbecque. Dés lors, Ruyssen a son logement â Paris dans l'hôtel Montmorency, et son heureux caractère lui assure, dans la meilleure compagnie, de bons et précieux amis. Il se lie intimement avec M. de la Basèque, parent du prince et officier aux chevaux-légers de Louis XVI.

Nicolas Joseph Ruyssen

Nicolas Joseph RUYSSEN

     Cependant Nicolas Ruyssen, sous la direction des peintres Simon et Vien, faisait de rapides progrès dans son art : il était le camarade de Wicart, qui a donné son nom à un musée de Lille, et en relations suivies avec Fontaine, l'architecte du Roi. Le prince de Montmorency, son insigne bienfaiteur, combla tous ses vœux en lui donnant de quoi visiter Rome. Voyons-le en route : son journal de voyage nous le montre s'extasiant devant Cluny, l'abbaye colossale, où les moines lui firent l'accueil le plus sympathique. Il admire la splendide église ; mais, sous l'influence du goût de son époque, il déclare regretter qu'elle soit d'un style qualifié par lui de gothique, c'est-à-dire barbare, par opposition au style imité de l'antique, seul en honneur alors.
     Inutile de rappeler que Cluny, du XI° siècle, était du roman le plus pur, bien que l'arc aigu qui s'y rencontrait ait pu faire illusion à un visiteur peu expert en archéologie.
     Nicolas Ruyssen demeura à Rome jusqu'en 1791, et y peignit des études que sa famille conserve avec une légitime fierté. A son retour, en pleine tempête révolutionnaire, il ne trouva plus à Paris MM. de Montmorency et de la Basèque: tous deux s'étaient réfugiés en Belgique.
     Le vent n'était, pas, en France, aux travaux d'art, aussi Nicolas Ruyssen fut-il heureux de s'installer au château de Reninghelst, dans les environs du mont des Cattes, chez son ami de la Basèque. Il décora le salon du comte de deux grands panneaux, dont les sujets nous ont été communiqués: ils représentent l'arrivée du peintre au château, l'intérieur de son atelier; on y voit les portraits de la famille du châtelain.
     Le château fut incendié par le général Vandamme. Ruyssen exposa ses jours pour sauver ses travaux. Peu après, nous le retrouvons à Londres où, grâce à sa palette et sans doute aussi à ses relations antérieures, il entre à la cour de Georges III et dans la familiarité des princes. Professeur des jeunes princesses, il est souvent admis à la table du monarque.
     En 1803, la princesse Elisa lui dédie un album d'études; la même année, il publie un cours d'anatomie d'après les cartons de Raphaël que possède Windsor. A son départ de l'Angleterre, la Reine lui laisse son portrait, peint par W. Buskey. Les offres qu'on lui faisait étaient superbes, assez pour le retenir: un fauteuil à l'académie; mais le fils du jardinier d'Hazebrouck aimait avant tout son pays et se hâta, en 1814, d'y revenir. Après son retour, il fit des restaurations de tableaux et peignit quelques toiles à l'église d'Hazebrouck; mais, somme toute, ses œuvres sont rares et ses pinceaux semblent avoir été délaissés. Il a dû sa fortune à son talent peut-être, mais bien aussi à ses qualités de société, à un esprit ingénieux qui lui fit inventer des instruments pour faciliter le dessin de perspective. Dans la Flandre, il a laissé la réputation de l’homme le plus attrayant par son affabilité, par les récits de sa vie aventureuse. A travers ces péripéties, la Providence l’amenait par la main à faire une œuvre plus importante: la fondation du monastère de Sainte-Marie-du-Mont.